À partir de ce modèle idéal, la baisse de vigilance des opérateurs et la dégradation des conditions météorologiques peuvent rendre la communication plus complexe. Trois situations peuvent s'envisager.
Dans le premier cas, le temps est clair (liens efficaces à 100 %) mais on suppose que certains opérateurs dorment (taux d'activité des sites variable). L 'aléa porte uniquement sur les sites. Le problème correspond alors au modèle de percolation de sites (figure 1.5 (a)). Dans le deuxième cas, les opérateurs sont tous attentifs (sites efficaces à 100 %) mais le temps est nuageux. Les liaisons optiques entre les opérateurs deviennent aléatoires (taux d'activité des liens variable). L'aléa porte uniquement sur les liens. Le problème se rapporte alors au modèle de percolation de liens (figure 1.5 (b)). Enfin, dans le cas où à la fois les opérateurs et leurs liaisons ont une activité aléatoire, on parle de percolation mixte également appelée modèle de percolation sites-liens (figure 1.5 (c)).
Ces deux représentations sont similaires car chaque site possède exactement quatre plus proches voisins. Dans le type (a), le site se confond avec la case. Le point noir représentant un site actif est situé au centre de la case. Si le site est inactif, elle reste vide. Dans ce contexte, un amas se définit par un ensemble de cases contenant un site actif et ayant un côté en commun. Dans le type (b), le site se trouve à l'intersection des lignes. Là encore, si le site est actif il est représenté par un point noir sinon l'intersection reste inoccupée. Dans ces conditions, un amas est constitué par les intersections ayant un site actif (les points noirs) dont une liaison est commune. Sur chacune des représentations, les amas composés d'au moins deux sites ont été grisés.
En rajoutant une dimension on passe du réseau carré au réseau cubique qui correspond à Z3. La figure 1.8 (a) illustre le réseau qui se représente par un empilement de cubes.
Ceci est mis en évidence par la figure 1.8 (b), extrait de la figure 1.8 (a), où la transparence permet de visualiser l'intérieur de la structure.
Dans la structure de la figure 1.8, le réseau cubique simple possède ses sites aux sommets des cubes (figure 1.9 (a)). Le réseau cubique centré possède un site au milieu du cube en plus des sites aux sommets (figure 1.9 (b)). Enfin, le cubique faces centrées ajoute au réseau cubique simple, un site au centre des six faces de chaque cube (figure 1.9 (c)). Ces différentes formes de réseaux cubique se retrouvent notamment dans des structures moléculaire comme par exemple le cristal.
Chaque site possède six plus proches voisins. On peut représenter le réseau triangulaire de deux manières. La première consiste à mettre en évidence les relations entre le site et ses six plus proches voisins (figure 1.10 (b)). La seconde occulte la représentation des liens et représente le site par une figure géométrique avec six côtés, c'est-à-dire un hexagone (figure 1.10 (c)).
Sur la même structure qui divise R2 en triangles équilatéraux, si l'on place à présent les sites au centre des triangles, on obtient un réseau nid d'abeille 6.
Sur la figure 1.12 (a), on constate que les sites possèdent trois plus proches voisins. Dans la figure 1.12 (b), pour mieux faire ressortir la forme hexagonale du nid d'abeille, les lignes de la structure en triangles sont effacées au profit des liens entre les trois voisins d'un site. Ceci est le premier moyen de représenter un réseau nid d'abeille. La seconde méthode consiste encore une fois, à occulter les liens et à représenter chaque site par une figure géométrique dont le nombre de côtés est égal au nombre de plus proches voisins. Dans le réseau nid d'abeille, on représente alors les sites par des triangles (figure 1.12 (c)).
Le deuxième graphe a lui aussi une structure particulière. Il s'agit du réseau Kagomé, dont une représentation est proposé à la figure 1.15.
Sur cette structure, chaque site a quatre plus proches voisins. Le réseau Kagomé se caractérise par le fait d'être le « graphe de couverture » (covering graph) du réseau nid d'abeille. Cette relation entre les deux graphes permet quelques correspondances sur lesquelles nous reviendrons par la suite (voir § 1.2.2, p. ??).
Sur la figure 1.16, on distingue des amas isolés ainsi qu'un gros amas qui relie les droites (AB) et (CD), que nous pourrions appeler « électrodes » par analogie avec un réseau de résistances. Cet amas (en gras sur le schéma) est appelé amas infini, puisqu'il relie un côté à l'autre dans la représentation. L'examen de l'amas infini nous permet de distinguer trois sortes de liens (Clerc et alii, 1983, pp. 55-56) :
Le nombre de liens qui seraient présents si 100 % d'entre-eux étaient actifs a été précisé sous chaque figure. Dans un réseau carré, le calcul de ce nombre de liens maximum est trivial. Pour un réseau de taille (n × n) sites, il existe au plus 2 n (n – 1) liens.
Dans les configurations triangulaire et nid d'abeille, il n'est pas possible d'indiquer la taille par le nombre de sites au bord du réseau car les liens ne sont, par définition, pas orthogonaux. Pour cette raison, la taille est notée en nombre de colonnes et de lignes. Le nombre de sites et le maximum de liens possibles ont été indiqués sous chaque figure.
Au milieu de chaque lien du réseau carré, on place un point noir représentant un site (S1 au milieu de AB, S2 au milieu de AC, etc.). Le lien AB étant relié aux liens AC, AD et AE d'un côté, et aux liens BF, BG et BH de l'autre, on relie alors S1 à S2, S3 et S4 puis à S5, S6 et S7. Sachant qu'il existe également des liaisons entre AC–AE, AC–AD, AD–AE, HB–BF, BF–BG et BG–BH, on trace les liens de S2 à S4, S2 à S3, S3 à S4, S7 à S5, S5 à S6 et S6 à S7. En réitérant l'opération sur toutes les autres cellules du maillage, on voit alors que les sites S se trouvent aux sommets d'un autre réseau qui correspond au graphe de couverture du réseau carré.
Comme nous l'avions déjà évoqué (voir § 1.2.1, p. ??), ces deux graphes entretiennent une relation géométrique particulière puisque le réseau Kagomé est le graphe de couverture du réseau nid d'abeille (Kesten, 1982, pp. 36-37). Selon la même méthode, on place un point noir représentant un site (S1 au milieu de AB, S2 au milieu de AC, etc.) au milieu de chaque lien. Le lien AB étant relié aux liens AC et AD d'un côté, et aux liens BF et BE de l'autre, on relie alors S1 à S2 et S4 puis à S3 et S5. En renouvelant l'opération sur toutes les autres cellules du nid d'abeille, on voit alors que les sites S se trouvent aux sommets d'un réseau Kagomé.
Les problèmes de percolation de sites et de percolation de liens ont l'avantage de limiter à un le nombre de paramètres du modèle. Toutes choses égales par ailleurs, l'action n'est alors possible que sur le paramètre variable du modèle en question : ps pour la percolation de sites et pb pour la percolation de liens. En randomisant à la fois l'activité des sites et celle des liens, il devient possible d'agir sur un ou sur deux facteurs à la fois, pour influencer le résultat global.
Sur ces représentations, les proportions d'activité des sites (ps) et des liens (pb) sont égales mais ceci n'est pas obligatoire. La valeur des deux paramètres est indépendante.